Sylvie Perrard
"L’univers O-iste de Jim Shaw"
Dauphiné Libéré, Grenoble, 22 juin 2003, p. 11
Le visiteur qui aborde le parcours imaginé par Jim Shaw est invité
à abandonner ses a priori et ses certitudes.
Les fictions élaborées par cet artiste hors norme, pourtant redoutablement
cohérentes, demandent quelques explications et la totale collaboration
du visiteur. Pour comprendre la démarche on doit impérativement
entrer dans le jeu…
Jim Shaw, qui vit à Los Angeles et dont la première exposition date
de 1975, est un habitué du travail en série.
Il présente ici, pour la première fois, l’ensemble de ses
œuvres d’inspiration O-iste, un travail de trois ans. L’univers
crée autour de cette religion, animée par une divinité féminine
baptisée O, lui permet de porter un regard critique (non dénué
de tendresse) sur la société américaine et ses excès
mais aussi sur le monde de l’art. Il mêle les références
autobiographiques à des éléments de la culture populaire
américaine. À nous de nous y retrouver.
“Le rite des 360 degrés”
Il nous dévoile les archives (des classeurs bourrés d’images
interdites) et les œuvres d’un mystérieux artiste qui, dans
les années 50, a renoncé à sa carrière d’illustrateur
pour se lancer dans la peinture abstraite. Pour “le rite des 360 degrés”
il a imaginé des instruments en forme de parties du corps et des uniformes
pour un orchestre qui participent à un rite initiatique ? et ces instruments
hallucinants fonctionnent (une vidéo en témoigne) ! Autre installation
spectaculaire, “the donner party” présente, comme dans un banquet,
des associations d’objets hétéroclites et hautement symboliques
(l’œuvre de Judy Chicago, artiste féministe des années
70 ?) et fait allusion, avec sa ronde de chariots criblés de flèches,
à un épisode tragique de l’histoire de la Californie.
L’exposition se termine par une magnifique collection de croûtes,
des œuvres d’amateurs d’inspiration O-iste rassemblées
de brocantes en vide-greniers. Là encore, Jim Shaw cultive l’ambiguïté,
à nous de comprendre le message.
En parallèle, les photographies de Lidwien van de Ven restent présentes
dans la rue. Et les élèves de l’Ecole du Magasin ont terminé
leur formation non pas par une exposition mais par un livre. AIDS Riot rassemble
quatre types de réaction face au Sida à New York de 1987 à
1994. Il réunit des textes d’artistes, des entretiens inédits
avec les membres de ces collectifs d’artistes.
A voir au Magasin, centre national d’art contemporain, 155 cours Berriat,
jusqu’au 14 septembre.