Xavier Veilhan
"Xavier Veilhan au Barbican"
Rézo International, Paris, hiver 2002,
p.26
Après avoir été présentée au centre d'art
contemporain grenoblois Le Magasin, l'exposition rétrospective de Xavier
Veilhan part pour le Barbican, avant de continuer sa route en Suède.
Xavier Veilhan fait partie de cette génération d'artistes du
début des années quatre-vingt-dix qui a su tirer profit des expérimentations
radicales des années 60 et 70, tout en développant une attitude
pragmatique à l'encontre des systèmes et des modes de production
de l'art. Il utilise des moyens volontairement traditionnels. Les séries
ouvertes de peintures conçues comme des vignettes de dictionnaire, les
silhouettes de monuments, les sculptures grandeur nature de policiers ou de
gardes républicains appartiennent à des catégories artistiques établies,
mais parfois désaffectées. « Je m'intéresse à l'idée
que mon travail puisse se diluer dans des formes que le public connaît
déjà, puisse infiltrer aussi bien l'art cinétique que
l'art minimal ou la logique du monument. » Naturellement l'artiste s'est
tourné vers la photographie et la manipulation digitale des images.
La série des Hommes rouges montre des hommes cagoulés
et vêtus de rouge qui plongent depuis un hélicoptère dans
un plan d'eau du Parc de La Villette. Selon un procédé numérique
qui permet de réduire les valeurs à une moyenne qui efface partiellement
les contours et les détails de la prise de vue originelle, le statut
de ces images flotte entre la photographie, l'informatique et la peinture.
L'artiste prend en compte la connaissance du spectateur, sa perception et son
interaction. Ses dispositifs interrogent notre rapport à la réalité.
L'exposition rassemble des pièces parmi les plus importantes et les
plus significatives de Xavier Veilhan créées entre 1988 et 2000.
Au total, une vingtaine d'oeuvres est présentée, organisées à partir
de leur thématique (les machines, les images, les questions de représentation),
et de leur qualité environnementale. La circulation des spectateurs
suit donc un parcours de pièce en pièce, sans fil chronologique,
d'espace en espace.