Olaf Breuning


 

« La sonate des spectres »
Beaux Arts, Paris, Décembre 2003, p. 42

Une rétrospective à Grenoble et une installation à Strasbourg pour pénétrer un univers personnel hanté par des personnages publics.

Des films de John Carpenter au Projet Blair Witch ou à The Ring, des calendriers de pin-up aux clips, le Suisse Olaf Breuning remixe, parodie et s’approprie les clichés de la sous-culture. Il construit son propre vocabulaire plastique par emprunts à la culture de masse, citations et pastiches : télévision, magazine, musique, jeu vidéo…
A Strasbourg, il réalise une installation, sorte de clip développé dans l’espace où des sans-abri se livrent à une chorégraphie effrénée. À Grenoble, une rétrospective réunit des œuvres de 1999 à 2003. Un cortège de spectres hilares serpentant dans l’ancien entrepôt accueille le visiteur. Dans les salles, c’est un parcours aux allures de train fantôme qui rassemble 16 œuvres (vidéos, photos et installations). L’exposition même est un terrain de jeu, sorte de London Dugeon version musée d’Histoire naturelle où des cimaises recouvertes de papiers peint imitation brique contraignent à une déambulation pleine de surprises. They live (1999), grande photographie de 3 x 4 m, dresse un portrait de famille réunissant des incarnations de personnages de films emblématiques. First (2000), une figurine d’E.T. grandeur «natur» joue les revenants avec un drap-housse sur lequel sont projetées les aventures, dans les mondes parallèles, d’un personnage aux pupilles à la Marilyn Manson. Olaf Breuning parvient à sortir de la simple citation pour bâtir un univers personnel. Pourtant le recours à un vocabulaire surdéterminé, s’il en fait sa singularité, en dresse peut-être la limite : cette œuvre jouant sur des effets empathiques de reconnaissance et de complicité parvient-elle à dépasser le seuil d’une efficacité générationnelle ?

Frank Lamy