Olaf Breuning


 

«Breuning, noir et désenchanté»
Connaissance des Arts, Paris, novembre 2003, p. 54

Un homme qui voue une admiration au vidéaste Doug Aitken, aux réalisateurs John Carpenter et John Waters et à l’œuvre de Matthew Barney ne peut pas être un mauvais artiste. Autant dire qu’Olaf Breuning aime à puiser dans le réel le sujet de ses œuvres (installation, vidéo, clip). Mais le réel dont il est ici question tient autant d’un état du monde que de genres aussi divers que les films de science-fiction, la culture la plus populaire ou même la théâtralisation propre aux lieux de loisirs de notre société. Pour cette exposition à Grenoble, il s’est amusé à répartir ses œuvres autour de deux vastes installations : Hello Darkness (2002) et Apes (2001). Cette dernière se présente comme une reconstitution de la vie de nos ancêtres, à l’époque où ils étaient encore des singes. L’ensemble, baigné par la lumière crépusculaire d’un grand feu, tient plus du spectacle à sensation que d’un travail sérieux et historique. Quand à Hello Darkness, avec son squelette en plastique, sa poupée gonflable brandissant une hache et son cercueil, elle mêle astucieusement les codes des films d’horreur et l’ambiance des night-clubs. Pour cet artiste suisse, le monde qui nous entoure n’est qu’une vaste illusion destinée à nous perdre et surtout à conforter nos impulsions les plus primaires. Autant avouer que le propos est particulièrement noir et désenchanté.

D.S.