Review : vidéos et films Collection Pierre Huber
"Collection Pierre Huber, Vidéomania"
Beaux Arts Magazine, Paris, juillet 2006 (supplément "guide
1000 expos de l'été"),
p.23-24
Pierre Huber collectionne tous azimuts, mais il a choisi pour
Grenoble de mettre l'accent sur ses oeuvres vidéos. Éblouissant.
Tout a commencé par la collection de timbres-poste familiale. La nuit,
gamin, il en ouvrait délicatement les boîtes, et rêvait.
Puis est venu le tour des voiturettes Dinkie Toys. Aujourd'hui, le
galeriste genevois Pierre Huber est l'un des plus grands collectionneurs
d'Europe. Il possède le plus bel ensemble au monde de Thomas Ruff ou
de Franz West mais aussi Cindy Sherman, Mike Kelley...
Au Magasin de Grenoble, il présente
quelques unes des 100 vidéos qu'il possède, parmi des milliers
d'oeuvres : ses pièces les plus secrètes. Toutes les variations
du genre sont ici rassemblées : rêverie absurde d'un pianiste
taulard surveillé par un policier, de Rodney Graham; tendres écoutes
adolescentes de Rineke Dijkstra; folles mises en scène du destin par
Fischli & Weiss. Mais aussi des films de Candice
Breitz, David Claerbout, Nam June Paik, Francesco Vezzoli, Roman
Signer, Elaine Sturtevant... Peu importe les styles, les noms, «tant
que la vidéo
a l'art contemporain comme adresse et qu'elle développe un langage
qui n'est ni celui du cinéma ni celui de la télévision,
résume Pierre Huber. Ce qui m'intéresse, c'est ce que je vais
découvrir demain. La vidéo est formidable car peu de gens en
achètent, c'est un terrain où l'on peut encore faire des découvertes.
Pour moi, c'est une sorte de peinture absente. Je veux que cette
exposition soit comme une exposition de peintures». Au cœur des
paradoxes de ce lumineux genre.
EMMANUELLE LEQUEUX