Review : vidéos et films Collection Pierre Huber
« Eloge de l'art vidéo au Magasin »
Les Nouvelles de Grenoble, Grenoble, juillet / août 2006, p.41
De l'art des vidéastes, on gardait le souvenir d'un long ennui infligé au
fond d'une salle d'expo par la lucarne d'un téléviseur
diffusant un film plutôt bavard ou des enchaînements de séquences
aux couleurs délavées à la limite du visible. Avec la
présentation d'une sélection d'oeuvres conservées par
le collectionneur helvète Pierre Huber, le Magasin vient avec
bonheur réviser cette impression pénible et rendre toute
son inventivité au genre. Il faut dire que la technologie a évolué depuis
l'époque héroïque de Nam June Paik, le père fondateur
de cet art qui ouvre cette exposition par une superbe mosaïque de
moniteurs. Et surtout le Magasin a particulièrement soigné les
mises en espace en respectant à la lettre les consignes des artistes
pour la réception idéale de leurs oeuvres, lesquelles perdraient
tout intérêt, toute substance dans le cadre d'un petit écran.
Sur quelque 1000 m2 sont donc répartis 17 artistes qui forment comme
autant d'états de l'art vidéo et de ses dispositifs. On passe
ainsi d'une malicieuse installation de David Claerbout à un pur récit
onirique de Shirin Neshat, et l'on reste attendri et envoûté devant
la poupée quasi vivante de Tony Oursler. Parce qu'elles sont infiniment
plus proches de la peinture et de la sculpture que de la télévision,
ces créations ont toute leur place au Magasin. La grande halle
Eiffel réserve une place à une autre exposition, plus modeste,
sur la sphère punk anglaise et nord américaine des années
1970-80. La pièce la plus fun est une tente studio sous laquelle
un ensemble d'instruments est à disposition du visiteur qui peut enregistrer
son propre accompagnement de la voix de Kim Gordon, la chanteuse
du groupe Sonic Youth.